L'interview


Sécurité routière



Pourquoi avoir accepté de tourner ce film ?

J’ai accepté pour deux raisons : la première c’est que je suis toujours choqué quand j’apprends que des gens sont morts dans un accident de la route. Un vie brisée, des familles anéanties, c’est toujours inacceptable. Donc si je pouvais apporter une petite contribution pour rendre les routes moins meurtrières, c’était bien évidemment oui. L’autre raison, tout aussi importante, c’est que la Sécurité Routière m’a laissé carte blanche pour construire mon film. Le thème central des « messagers » avait été décidé avec Pascal Couvry de l’agence Madame Bovary, mais dans ce cadre là, j’avais toute latitude pour l’imaginer et le concevoir. D’ailleurs lors des réunions préparatoires que nous avons faites avant tournage, j’ai toujours tenu un discours très clair en disant que je ne savais pas vraiment à quoi allait ressembler le film, que j’allais le trouver en le faisant. Et tout le monde m’a fait confiance.
 

Comment avez-vous procédé ?

J’étais convaincu que consacrer un film sur ceux qui allaient porter la nouvelle du décès était une idée formidable. Parce qu’elle permet de s’identifier à la peine éprouvée par les « messagers » sans devoir prendre frontalement la douleur abyssale des familles touchées. Il fallait donc exclusivement centrer le film sur les « messagers » et leur parole. Nous avons ainsi, avec l’aide des services du SIRPA, passé une petite annonce auprès des gendarmes d’Île-de-France pour trouver des volontaires capables de témoigner de leurs expériences. Et j’ai ensuite dû faire un choix parmi les réponses reçues. Je cherchais des profils différents, des histoires qui se complètent, des gendarmes à la fois pudiques et capables de laisser l’émotion affleurer.
 

Comment avez-vous vécu le tournage ?

Ce fût quatre très belles rencontres, avec des hommes et une femme d’une profonde humanité, animés par un vrai sens du service public. Mais ce fût très éprouvant. Parce que je n’avais pas mesuré la douleur de celui qui annonce. Et elle est immense. C’est d’ailleurs la tâche que les gendarmes redoutent le plus. « Devoir aller annoncer un décès après un accident de la route, c’est le pire », disent-ils unanimement. C’est d’ailleurs quelque chose dont ils parlent très peu entre eux. « Parce qu’on ne peut pas les oublier », les gendarmes que j’ai rencontrés se souviennent de toutes les annonces qu’ils ont faites.
 
Gants