3 QUESTIONS À ANNE GUILLAUME


Sécurité routière
 
Anne Guillaume est médecin. Chercheuse en Biomécanique puis en Sciences Cognitives, elle devient Professeure agrégée du Val-de-Grâce en physiologie et ergonomie en 2003. Elle prend en 2008 la direction du LAB, laboratoire d'accidentologie, de biomécanique et d'études du comportement humain (fondé par PSA et Renault en 1969). Depuis 2015, elle est nommée Expert Leader dans le domaine de la sécurité routière pour le Groupe Renault.
 

Sécurité routière
« En retenant les personnes attachées, la ceinture les empêche d'être projetées sur le pare-brise ou d'être éjectées du véhicule » Sécurité routière
 

Quels sont, selon votre expérience, les principaux risques à oublier de boucler sa ceinture de sécurité ?
Lors d'un accident en choc frontal, l'énergie du choc est toujours absorbée en premier lieu par la déformation des structures avant du véhicule. Le reste de l'énergie est dissipée dans l'habitacle. C'est là que la ceinture joue son rôle : en retenant les personnes attachées, elle les empêche d'être projetées sur le pare-brise ou d'être éjectées du véhicule. Une éjection arrive fréquemment lorsqu'un véhicule fait des tonneaux. La ceinture protège aussi les passagers les uns des autres. Le bon conseil à donner à un conducteur c'est de bien vérifier que la personne assise derrière lui est bien attachée. Si elle ne l'est pas, il risque tout simplement sa vie. Il peut mourir écrasé par la projection de la personne assise à l'arrière ou subir des blessures très graves.
 

Les ceintures de sécurité vont-elles encore s'améliorer ?
Les ceintures de sécurité ont sauvé des dizaines de milliers de vies. Leur efficacité a été renforcée par leur synergie avec l'airbag. L'action conjointe de ces deux équipements de sécurité a fait diminuer de près de 90 % la gravité des blessures à la tête des personnes accidentées. L'arrivée des limiteurs d'effort sur la ceinture a permis une meilleure répartition des forces exercées sur le thorax. L'installation d'un prétensionneur, quant à lui, permet de rester bien positionné sur son siège, évitant en cas de choc le glissement du corps sous la ceinture. Peut-on aller encore plus loin ? Je dirais que le corps a ses propres limites. Aussi les constructeurs travaillent-ils à des dispositifs de freinage d'urgence intégrés dans les systèmes d'aide à la conduite avec pour objectif de diminuer la vitesse avant un impact. Diminuer la vitesse, c'est réduire la gravité des blessures.
 

Le cas particulier des enfants sur la route vous préoccupe ?
Oui, car selon une récente étude européenne, 70 % des enfants sont mal attachés en voiture. L'idéal est qu'un enfant soit installé dans un dispositif adapté. Bébé, son siège doit être placé dos à la route (si airbag, le désactiver). Ainsi en cas de choc frontal, les mouvements de sa tête sont limités ainsi que ceux de la colonne cervicale qui n'est pas encore capable de supporter la violence des mouvements induits par le choc. Plus âgé, il est primordial de l'attacher à une place pour lui seul, avec un dispositif bien fixé au siège de la voiture et, pour le plus grand, sur un rehausseur, lui aussi bien arrimé au siège pour que la ceinture le protège à bonne hauteur. Enfin, comme pour les adultes, un enfant bien attaché, ne doit pas porter d'anorak ou de vêtement épais car il risque de glisser sous la ceinture qui ne le protégera plus.