Sécurité routière

L’ÉCLAIRAGE DU PROFESSEUR
NICOLAS SIMON


 
Sécurité routière Président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), professeur de médecine spécialisé en addictologie, responsable du centre antipoison et de toxicovigilance de l'hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, chercheur à l'Inserm en réduction des risques et responsable d'enseignement à la faculté de médecine de Marseille. Membre du comité des experts du Conseil national de la sécurité routière (CNSR).
 

Pouvez-vous nous expliquer en quoi fumer du cannabis est incompatible avec la conduite ?
« Au-delà des dangers notoires du cannabis sur l’organisme, fumer des joints, comme on le dit couramment, représente un danger supplémentaire quand l’usager prend le volant. Cet usager aura tout simplement des réflexes beaucoup plus lents, en d’autres termes, une diminution de son temps de réaction. Si un imprévu se présente, son temps de réaction ne lui permettra pas de répondre « normalement » à cet imprévu. Or, nous savons que sur la route, cela ne pardonne pas. D’ailleurs les chiffres ne sont pas équivoques en la matière : quelqu’un qui a consommé du cannabis multiplie par deux son risque d’avoir un accident mortel*. Il faut également croiser cela avec le nombre assez élevé de consommateurs réguliers en France : 1,4 million, selon les chiffres de l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies). Ce chiffre tend à prouver que ce danger est tangible sur la route. L’usager qui prend le volant en ayant fumé, moins alerte, se met en danger et met également en danger la vie des autres, et ceux qui croiseraient sa route... »
 

Quelles sont les situations et contextes les plus classiques de ce type de conduite ?
« Il y a beaucoup de situations très différentes et des modes de consommation variés. On peut parler, entre autres, d’un phénomène qui sur la route est dévastateur. Les individus qui se retrouvent de manière conviviale en soirée, autour d’un verre et fument un joint ensemble, puis prennent la route pour rentrer chez eux. Ce cocktail drogues/alcool, assez courant, expose très fortement l’usager au risque, puisqu’il multiplie par 29 le risque d’avoir un accident mortel. En cause le cumul des effets : sentiment de puissance et désinhibition, conjugués à l’amoindrissement des réflexes ».

* Source : Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR).